Bon… ça me trotte dans la tête depuis un petit moment, aujourd’hui je me lance. Je vais te partager mon grand coup de cœur graphique de l’année qui vient de se terminer. Comme c’est un très très grand coup de cœur, genre je suis en amour total de son travail, ça ne va pas être facile de poser des mots. Plus j’aime, plus c’est difficile…. Mais comme il ne faut pas que tu passes à côté de son travail, j’y vais… Hop !
Elle s’appelle Csil. Elle a de la poésie qui coule de ses crayons. Un style reconnaissable entre mille. Il y a tant de tendresse dans ses dessins ! De la douceur aussi. Le trait mince et précis. Ses illustrations sont d’une telle finesse ! De la dentelle merveilleuse … J’aime, j’aime, j’aime !
Ses personnages sont magnifiques, adorables. Tellement que t’as envie de les prendre dans les bras ! Dans ses ciels, souvent, des nuages. Presque enfantins. Doux et moelleux. Juste parfaits.
Et quand elle te croque une ville, Csil, t’en as pour un moment à te balader dedans ! Tu t’y perds un peu et puis tu choisis une maison, celle qui serait juste parfaite pour toi. Là, au troisième étage…Tu choisis ta fenêtre et tu t’installes.
Elle est forte, aussi, Csil, pour te mettre juste ce qu’il faut comme touche de couleurs dans ses illustrations en noir et blanc.
Vraiment, si tu ne connais pas encore, fonce…
Les deux premiers livres illustrés par Csil que j’ai eu entre mes mains sont deux albums écrits par Séverine Vidal, publiés par les éditions Winioux. Une « petite » maison d’édition, mais si grande par la qualité des livres qu’elle propose…Deux livres donc… Offerts à de maintes reprises, tant je les aime !
Des perles. Des trésors à serrer contre son cœur. Pour la beauté du texte et des illustrations qui se font si bien écho…
« Rien qu’une fois » et « 55 oiseaux ».
Deux livres bien différents. Le premier pour rêver. Pour ouvrir tous les possibles. On la suit, la petite fille, au fil des pages. Et on découvre ses envies, fortes, ses rêves un peu fous… des petits riens qui font voir la vie en grand !
Rien qu’une fois je voudrais…
Planter des mots et les regarder pousser, dans mon grand potager…M’allonger sur un nuage…Changer les couleurs du monde, d’un claquement de doigts…
Le livre refermé, sourire au lèvres, tu te surprends à composer ta propre liste.
Et puis si tu veux inviter des enfants à écrire, ce livre est juste parfait pour une petite séance « à la manière de… »
Le deuxième, il est parfait pour apprendre à compter. Jusqu’à 10. Mais pas que … Parce qu’il y a un brin de poésie et de malice, à chaque page !
Ce livre accordéon, tu peux le parcourir page après page, où le déplier en plein pour admirer une longue fresque. Les oiseaux de Csil me mettent tellement de sourires ! J’adore leur bouille !
Et au fait, pourquoi 55 oiseaux ? Une petite farce mathématique, je te laisse chercher… Moi j’ai trouvé !
Les deux livres suivants dont j’ai envie de te parler sont écrits par Ghislaine Roman.
« J’veux pas y aller ! »
Oui, mais…où ? Les indices sur la couverture ne laissent aucun doute… Masque, tuba, bouée, bonnet de bain...Et à chaque petit baigneur d’y aller de sa propre excuse… Avec une dose de bonne ou…de mauvaise foi !
« Non ! J’irai pas ! »
Encore ? Et cette fois-ci, on tente d’éviter quoi ?
Dans la lignée de la trouille de sauter dans le grand bain, ce sont à présent les petites et grandes frayeurs liées à l’entrée à l’école qui se déclinent au fil des pages. Toutes ces appréhensions, la grande peur de l’inconnu...
Et si j’y arrive pas ? Et si ça se passe pas bien avec les copains ?
Ces deux albums sont précieux. Ils permettent d’aborder, avec une juste dose d’humour, ces situations qui semblent d’immenses montagnes à gravir. Quand cela semble impossible, mais qu’une fois son courage pris à deux mains et bien, on y arrive et …on est fier ! Tellement ! Petits ou grands, on connait tous ça, non ?
Je ne me lasse pas de parcourir ces deux galeries de personnages. Tendres, drôles, attachants.
Et les textes de Ghislaine Roman… petits poèmes qui rythment si bien une lecture à voix haute, petite musique de la langue, un régal à partager !
Et puis il y a «Le vilain défaut ». Ecrit par Anne-Gaëlle Balpe. Faut que je te raconte. Au dernier salon de Saint-Paul-Trois-Châteaux, je me suis trouvée toute bête devant sa table de dédicaces. Je l’ai lu, d’une traite et j’en ai eu les larmes plein les yeux. Parce qu’il m’a touché, droit dans le cœur, fort ! Dans ma tête, ça se bousculait sévère… J’ai pensé à mes élèves, qui avancent tous dans la vie avec leur différence, leur « vilain défaut ». Leur chromo en trop ou leur p’tit truc en moins. Mes supers-héros que rien n’arrête, mes courageux. Qui n’ont pas trop le choix, faut bien faire avec.
Et puis j’me suis dit qu’on a tous notre vilain défaut. Notre truc en plus en moins avec lequel il faut composer.
C’est donc de ça dont il s’agit. Le petit héros d’Anne-Gaëlle et Csil est né avec une différence. Qui a grandi avec lui. Perçue par les autres comme un vilain défaut, elle l’empêche d’avancer sereinement dans la vie. Pas facile d’apprendre, de se faire des amis… Et cette fichue certitude de certains qu’il suffirait de se donner un peu plus de peine, de faire un peu d’efforts pour que ça aille mieux !
Il suffira d’une rencontre bienveillante pour que notre petit bonhomme apprenne à composer avec et à le faire oublier.
Grande émotion, d’un bout à l’autre. Une lecture le cœur battant, fort !
Csil a aussi collaboré avec Alice Brière-Haquet pour les deux albums que je te présente à présent.
« Mme Eiffel », histoire librement inspirée de la vie de l’ingénieur du même nom. Une ode à l’amour. Fou. Absolu. Celui qui fait déplacer des montagnes.
Je t’explique : l’amoureuse de de Gustave Eiffel, celle avec qui il parcours le monde, pour qui il construit toutes sortes de bâtiments incroyables, tombe un jour gravement malade. Et aucun des meilleurs médecins appelés à son chevet n’y peut rien : elle pâlit, maigrit, faiblit…D’une boutade nait alors une idée folle : « Tu pourrais nous construire des rails pour nous promener dans les nuages. ». Ainsi soit-il ! Eiffel s’enferme dans son atelier et se met à la tâche. Ainsi naitra la fameuse tour qui s’élève jusqu’aux nuages.
Et puis il y a « Paul »
En peu de mots, l’émotion est là, tout du long de la lecture. Emotion… comme toutes celles vécues par Paul, et qui lui font traverser le monde en couleurs. Du vert de la colère, du noir du désespoir, du rose des belles choses… Et bien plus encore…De tous les livres qui traitent du sujet, celui-là est celui que je préfère. Tout en subtilité et finesse… juste…merveilleux !
Le dernier livre, c’est « Sans ailes ». Un texte de Thomas Scotto. Epuisé. Ça arrive et ça me met de la déception et de la tristesse à chaque fois ! Mais « A pas de loups » est passé par là et lui a redonné une seconde vie. Avec, cette fois-ci, des illustrations de Csil.
"J'avais un grand trésor au dessus de ma tête : Une petite constellation de trois étoiles alignées. Une...Deux...Trois..."
Un trésor qui rend heureux. Une présence qui rassure. Un point de repère. Quelque chose sur quoi compter, chaque nuit. Toujours là, les trois petites étoiles !
Jusqu'au jour où la tempète les emporte, loin. Larmes, cris...Attente. L'absence qui plombe le coeur, insupportable.
"Alors une nuit, je suis parti. A petits pas, sans savoir où. Je ne suis pas grand, pas costaud, mais il fallait que je les retrouve. A petits pas, sans savoir où. Je savais bien que je les chercherai longtemps." Le chemin est long. Et sans ailes, il va en falloir du courage et de la persévérance ! Des rencontres. Des mots qui encouragent. De la colère même ! Mais de l'espoir, toujours !
Il y a dans cet album tant de finesse, de poésie, de douceur. A chaque lecture, mon coeur fait des loopings !