Aujourd’hui, le 11 mars, c’est l’anniversaire d’un coup de fil. LE coup de fil ! Celui attendu pendant de si longs mois, l’aboutissement d’un long parcours pour devenir enfin parents.
C’était il y a 14 ans déjà…
Tôt le matin, j’avais embarqué mes élèves pour aller à la montagne. Les routes étaient mauvaises et j’ai planté le bus institutionnel dans la neige à quelques mètres du chalet. Ma collègue a emmené les enfants au chaud, j’attendais de l’aide pour venir sortir le véhicule de la congère quand mon téléphone a sonné. Un tout petit bonhomme nous attendait à des milliers de kilomètres de là. Tempête émotionnelle !!! Quand ma collègue est revenue, elle était sûre que je venais d’apprendre une très mauvaise nouvelle, tant mes larmes coulaient.
Je me souviens de chaque minute de cette journée-là. De la joie de mes élèves à qui je n’ai pu cacher la nouvelle. De cette petite qui s’est exclamée « Madame, vous êtes toute …turbulée ! » De mes collègues qui m’ont libérée pour que je puisse rejoindre mon Amoureux devenu Papa. De la descente en plaine avec une bonne dizaine d’arrêts au bord de la route pour reprendre mes esprits et calmer les tremblements de mon corps.
Je me répétais en boucle le prénom de mon petit bout d’homme, son âge, le nom de sa ville natale…
Il y a eu l’annonce à nos familles, à nos amis tout proches aussi. Il y en a eu des larmes versées ce jour-là !
Puis tout est allé très vite. Un mois de préparatifs pour boucler les questions administratives, préparer une chambre-cocon et s’envoler rejoindre notre fils…Enfin !
Les années qui ont précédé ce grand jour, j’ai lu de nombreux albums qui traitent de l’adoption. Ces bouquins-là m’ont accompagné et ils m’ont tant aidé à surmonter l’interminable attente. Et plus tard, j’ai pu les partager avec mon fils.
Aujourd’hui je vous en livre une petite sélection.
En attendant Timoun de Geneviève Casterman (Pastel)
« Ça y est ! La réponse est « oui ». Mon rêve va enfin se réaliser. Je peux commencer à t’attendre. »
C’est sur ces mots que commence l’histoire de cette maman crocodile. Elle habite dans une maisonnette au bord de l’océan. Il y a quelques marches pour descendre sur un ponton, duquel elle scrute l’horizon. Elle se questionne … « Qui es-tu ? Existes-tu déjà ? ». Et surtout la grande question : « Quand seras-tu dans mes bras ? »
Passent les jours et les nuits. Pour garder son calme, elle s’occupe les mains. Elle repeint le ponton.
Passent les saisons… Elle fabrique des jouets, sculpte des petits crocodiles… Comme elle est longue cette attente !
Comme il m’a parlé, le dialogue intérieur de cette petite maman crocodile ! C’est sans aucun doute le livre que j’ai le plus lu quand j’étais dans la même situation qu’elle. Je vivais le même yoyo émotionnel, j’ai traversé les mêmes sentiments. Impatience, colère, désespoir… Et j’en ai sculpté aussi des petits crocodiles, à ma manière !
Et dans ma famille, lorsque l’on parlait de cet enfant tant attendu, on s’est mis à l’appeler Timoun.
Moun, de Rascal et Sophie (Pastel)
Elle est née pendant la guerre, la petite Moun. Alors pour la protéger de la fureur des armes et de la famine, ses parents la déposent dans une petite boîte pour l’envoyer de l’autre côté de l’océan.
Après un long voyage, elle échoue sur une plage, au milieu des coquillages. Un jeune couple qui habite juste à côté l’aperçoit et se précipite pour l’ouvrir… En découvrant ce tout petit bébé, ils le savent instantanément : Moun sera leur premier enfant ! Au fil du temps, elle deviendra l’aînée de quatre frères et sœurs.
Dans ce livre dont les images dégagent une profonde douceur, il est question de l’amour inconditionnel pour cette petite, de rires, de moments partagés… Mais également de sa mémoire effacée, comme pour se protéger.
Ce n’est que plus tard que ses parents vont lui expliquer les circonstances de leur rencontre. Et Moun de conserver au creux de son cœur une pensée pour ses parents biologiques, contraints de la laisser partir pour la protéger.
Bienvenue mon trésor, de Dolores Brown et Reza Dalvand (Gallimard jeunesse)
« Parfois, on espère très fort que quelque chose arrive. Alors, on a l’impression que l’attente dure une éternité. »
Dans un grand salon, une femme bouquine sur une chaise, un homme joue du piano… Et un petit doudou lapin ainsi qu’un canard de bain guettent par la fenêtre ouverte. Au mur, une grande horloge, comme pour signifier cette attente et ces instants qui semblent interminables.
Puis vient la préparation de la chambre, la valse de questions sans réponse. Jusqu’au jour de l’arrivée de cet enfant espéré si fort, les mines graves font alors place à de larges sourires !
Dans une explosion de couleurs et avec des mots tout simples, le lecteur découvre les premières rencontres avec les membres de la famille et les amis, les petits et les grands bonheurs partagés …
Il y a vraiment beaucoup de joie et de lumière dans cet album très réussi !
Mon bébé du bout du monde, Rose Lewis et Jane Dyer, traduction Françoise Mateu (Syros)
Rose Lewis a écrit cette histoire à partir de sa propre expérience. C’est un peu son journal intime, dans lequel elle raconte à sa fillette tout le parcours effectué pour qu’elles puissent être réunies.
Il y a les démarches administratives, le départ de cette maman pour la Chine… La première rencontre surtout et leurs larmes à toutes les deux. Et cette phrase, merveilleuse : « Je t’avais attendue toute ma vie. »
Il y a aussi leur retour à l’hôtel, la première nuit, les photos, les câlins, les bisous… Et leur envol pour leur nouvelle vie, ensemble.
Les larmes ont beaucoup coulé lorsque j’ai lu cet album pour la première fois, tant cette histoire faisait écho à la mienne, à la nôtre.
Miguel, c’est moi – la petite voix venue de loin, de Laurence Afano (Alice jeunesse)
Cette fois-ci, l’histoire est portée par le point de vue de l’enfant, ce petit Miguel qui appelle ses parents depuis l’autre bout du monde.
« Il était une fois mon papa et ma maman, mais à ce moment-là ils ne le savaient pas encore. »
Ils s’aiment, ces deux-là, mais ils ont beau s’offrir des roses et des choux : aucun enfant n’arrive ! Tristesse… Jusqu’au jour où…
Il y a beaucoup d’humour dans cet album, les illustrations sont vraiment joyeuses. Et les mots tout simples pour nous rappeler que dans une histoire comme celle-ci, l’enfant vient lui aussi adopter ses parents !
Les deux mamans de Petirou, Jean-Vital de Monléon et Rebecca Dautremer (Gautier-Languereau)
Petirou est un jeune Kangourou adopté et il explique son histoire avec un grande simplicité ! Lui est roux, son papa et sa maman sont bruns. Et alors ? Peu importe la couleur ! Ce qui compte, au pays des kangourous, c’est d’avoir une poche dans laquelle se blottir.
Il évoque sa maman biologique, qui n’avait plus assez de place dans sa poche pour s’occuper de lui comme il faut. Sans jugement… Elle l’a confié pour qu’il trouve une belle place, dans une autre poche et surtout dans des cœurs !
Petirou dialogue avec ses parents, qui lui posent la question de ce que sont un papa et une maman. Au-delà de tout ce qu’un enfant peut faire avec ses parents, il y a cette jolie conclusion :
« Un papa et une maman, c’est ceux qui nous aiment, même s’ils ne nous ressemblent pas trop. »
Le 11 mars, c’est un jour vraiment spécial, un jour que l’on fête tous les trois. C’est aussi le jour où j’aime plonger dans le grand carton de souvenirs… Je vous laisse avec ces deux pépites achetées lors de notre grand voyage ;-)