Des yeux qui brillent, des questions (plein!), des découvertes, de l'étonnement, des éclats de rire, de l'émotion...Et une voix : celle de Thomas Scotto. Une semaine de rencontres s'achève tout juste, point d'orgue de ce projet un peu fou initié il y a un an. Et même un peu plus loin, en fait...
Il y a quelques années, au salon du livre jeunesse de Saint-Paul-Trois-Château, première rencontre. Autour de la table de dédicaces de Thomas, une nuée de mômes. Et des sourires, déjà. Je laisse trainer mes oreilles... Sa façon de leur parler, de les prendre au sérieux.... De leur accorder toute l'attention qu'ils méritent... ça me touche, forcément !
Frustrée de ne pas avoir les moyens de le faire rencontrer mes élèves de l'époque, je glisse dans ma besace une pile de bouquins à leur faire délcouvrir à mon retour. Dans les mois qui suivent, trois d'entre eux lui écrivent. Il répond. Des lettres à donner des frissons !
L'automne suivant, il nous invite à le rejoindre au salon du livre de Morges. Une heure d'échanges, intenses, à l'ombre des grands arbres.
Alors dans ma tête, ça continue de trotter... Changement de boulot, création de l'atelier. Et des demandes d'animations dans des classes de la région.
Lorsque l'on me sollicite pour des élèves de 5-6H, je me dis que l'occasion est toute trouvée. Je propose. Et l'équipe de l'établissement est immédiatement enthousiaste (des très grands mercis à eux !).
Je monte une animation qui donne envie de bouquiner du Scotto à tout va. Elle m'a bien fait tirer la langue, celle-là ! C'est la première fois que je planche autour du travail d'un auteur et non pas d'une thématique. Aïe ! Pas simple...
Je lis, re-lis, re-re-lis, encore et encore. Un fil rouge se dessine, je tire dessus, doucement. Quelques (nombreuses!) heures plus tard, j'ai mon déroulé et mon matériel.
Hop ! C'est parti pour les visites de classes !
Et là, et bien des montagnes de mercis aux mômes. Parce qu'à chaque rencontre, il s'est passé quelque chose de fort. Des petits signes qui me confirment que c'est important, que des graines sont semées et qu'elles n'ont pas besoin de grand chose pour pousser.
La semaine passée, j'ai eu la chance de suivre Thomas dans chacune des classes visitées. Témoin en retrait, j'ai savouré chaque instant. Comme les enfants, j'ai écouté des histoires. Je les ai regardé jouer avec les mots. J'ai appris une montagne de trucs (le coup des achevés d'imprimer de Thierry Magnier par exemple). J'ai découvert plein de détails qui m'avaient échappé au fil de mes lectures. J'ai frissonné à chaque fois que Thomas allait subtilement chercher le timide, celui qui se fait petit, discret... en lui donnant la parole, tout pile au bon moment.
Dans mon carnet, j'ai griffonné des petites perles, pêchées au fil des visites. Florilège :
"Moi, je détestais lire quand j'étais enfant !" (10 ans, tout de même...)
"C'est difficile pour moi, la lecture. Mais... Une guerre pour moi, j'ai réussi !" Une si grande fierté pour celui-là. Parce qu'un premier livre tout en entier, c'est quelque chose ! En fin de rencontre, il est venu serrer la main de Thomas en lui affirmant avec force : "Tu sais, Thomas, maintenant tu es mon plus grand fan !"
Les enfants peuvent avoir des idées bien précises concernant les sources d'inspiration : "Une histoire, ça peut partir d'un livre...ou d'une vie !" Ou encore " Les idées, ça nait dans le ventre et ça monte à la cervelle !"
Quant à l'âge précis de Thomas au moment de la parution de son premier livre, on retiendra longtemps que "ben...ça dépend !"
Samedi, à l'atelier, les enfants ont voyagé au pays de Bonhomie, en écoutant Thomas leur lire "La première larme". Ils ont plongé leurs yeux dans "Khodja". Ils ont écrit, découpé, collé... Et créé ainsi une petite carte pop-up inspirée du livre "Dans ma maison".
De toute cette semaine, je garde une provision de sourires pour les mois à venir. Et l'envie forte de croiser les enfants au hasard de mes passages à Oron. Pour en reparler. Pour sourire à nouveau, ensemble. J'ai la tête et le coeur remplis de belles images, de tous ces moments partagés.
C'était intense. C'était beau. C'était important.
Et j'ai une liste longue comme le bras de livres à découvrir. De films à voir. De musique à écouter. Et dans ma tête, en boucle, une chanson offerte, qui tourne... Cadeau précieux.
Pour tout ça... Merci Thomas.
Et par ici, son retour à lui :
http://thomas-scotto.net/cetait-intense-cetait-beau-cetait-important/